VIème Séminaire international de recherche du Master en ingenierie et action sociales Louvain-la-Neuve | Namur

Jeudi 26 mars 2015, 17-20h, Namur

Lieu : Henallux- département social – 23, rue de l’Arsenal à Namur

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Élise Lemercier

Maîtresse de conférences en sociologie à l’Université de Rouen
et membre du laboratoire DySola (Dynamiques sociales et Langagières)

Que faire des « Mineurs isolés étrangers » à Mayotte ?
Regards sociologiques sur une prise en charge éducative
au cœur des recompositions de l’ordre social colonial.

Située dans le canal du Mozambique et plus précisément dans l’archipel des Comores, Mayotte est une possession française depuis 1841. Par un référendum de 1975, la population mahoraise a choisi d’être rattachée à la France tandis que les trois autres îles de l’archipel demandèrent leur indépendance. Collectivité territoriale puis collectivité départementale, Mayotte est devenue le 101e département français en 2011. Malgré la persistance de liens familiaux, culturels et économiques entre les îles de l’archipel, des discours publics stigmatisant l’immigration comorienne se développent à Mayotte depuis les années 1990, renforcés en cela par le contexte national d’intensification de la lutte contre l’immigration clandestine. Un consensus émerge pour faire de l’immigration comorienne le problème social du développement de l’île et le nombre de reconduites à la frontière est alors passé de 6 000 en 2005 à 15 908 en 2012, au prix de plusieurs centaines de morts en mer chaque année et de l’augmentation des mineurs vivant sur l’île sans leurs parents ou tuteur. D’après l’observatoire des mineurs isolés de Mayotte, ils seraient environ 3 000, dont la moitié pris en charge par un adulte apparenté et 500 sans aucun référent adulte.

Aucun hébergement collectif de protection de l’enfance n’existe à Mayotte et en l’absence d’institut de formation, les mahorais sont très peu formés aux métiers du travail social. Comment et par qui ces mineurs isolés sont-ils alors pris en charge ? Que nous enseignent cette prise en charge et les débats publics qui l’entourent sur la construction et le traitement des inégalités sociales à Mayotte ? Quels en sont les effets concrets en termes de réduction, reproduction ou durcissement des inégalités dans un contexte de recomposition de l’ordre social colonial ?

Bibliographie de référence :

–       avec Valelia Muni Toke et Elise Palomares, « Les Outre-mer français, regards ethnographiques sur une catégorie politique », Introduction du numéro 24 de Terrains et Travaux, 2014.

–       avec Myriam Hachimi Alaoui et Élise Palomares, « Clivages ethniques à Mayotte, frontière avancée de l’Europe dans l’Océan Indien », Hommes et Migrations, n°1304, oct-déc 2013.

–       « « Etre français à part entière » : discours publics sur les inégalités d’accès au RSA à Mayotte », in Maryse Bresson, Fabrice Colomb, Jean-François Gaspar,  Les territoires vécus de l’intervention sociale, Lilles, Presses Universitaires de Septentrion, à paraître.

Discutant :

François POLET : Sociologue,chargé d’étude au Centre tricontinental et doctorant en sociologie du développement à l’ULG